Une préface pour l’ouvrage Tintin au Congo, cela avait déjà été évoqué par le passé, sans jamais se concrétiser. Une réédition de la bande dessinée Tintin au Congo avec – pour la première fois – une préface qui remet le livre dans son contexte de l’époque et qui vient partiellement montrer comment cette œuvre du dessinateur belge Hergé s’inscrit dans une ère du temps favorable à la colonisation.

Depuis la parution de Tintin au Congo en 1931, deuxième volet des aventures du reporter Tintin, la polémique ne s’est jamais éteinte, beaucoup y voyant un album aux accents et relents racistes, notamment dans sa représentation des personnages noirs de l’album, dans un Congo qui était à l’époque une colonie belge. L’album réédité en ce XXIe siècle est une édition spéciale : il s’agit de la version originale de la bande dessinée, celle qui est parue en noir et blanc au début des années trente dans la revue Le Petit Vingtième et que les éditions Moulinsart et Casterman ont décidé de coloriser et de commercialiser.

Quinze pages de préface

L’album n’est vendu que sous forme de coffret, accompagné de Tintin au pays des Soviets et de Tintin en Amérique, tous deux également en version originale et colorisés. L’ouvrage n’est donc pas des plus facile à trouver et plusieurs libraires de Bruxelles n’étaient d’ailleurs pas au courant de la spécificité de cette réédition.

La préface est longue d’une quinzaine de pages. Elle a été rédigée par Philippe Godin, critique littéraire belge et spécialiste d’Hergé. Il y décrit l’auteur comme un « témoin de son époque », certes critiquable, mais qui n’a fait que « relayer les préjugés colonialistes qui prévalaient alors. Hergé n’a pas une intention dénigrante. Il ne veut pas rabaisser les gens en les caricaturant. Il y a évidemment des stéréotypes pour dessiner des Noirs. Ce langage « petit nègre » condescendant qu’on reproche à Hergé, ce n’est pas lui l’a inventé. »

Une éponge de son époque ?

Hergé ne serait donc qu’une éponge de son époque ? Cette remise en contexte est « bienvenue. En tout cas, pour Tintin au Congo et peut-être aussi pour Tintin au pays des Soviets aussi qui est quand même le reflet d’une époque assez dépassée, plus que pour les autres. »

Certains, comme le français Pascal Blanchard, docteur en histoire de l’université Panthéon-Sorbonne, et spécialiste du fait colonial, ne se disent pas convaincus. À nos confrères de l’AFP, il a expliqué qu’il « saluait » l’initiative, mais qu’il aurait préféré une double préface, avec, par exemple, la signature d’un historien comme le Congolais Elikia M’Bokolo, spécialiste de l’Afrique aux XIXe et XXe siècles.

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